Les Lances de Morlaix avant 1880

Plus de 25 ans séparent ces deux photographies où de profonds changements urbains sont visibles: disparition du bassin à flot, nouveau clocher pour l’église Saint-Melaine à partir de 1880 et quelques maisons dites à lances qui résisteront pour la dernière jusqu’en 1907. Sur le tirage albuminé, on distingue encore quelques lances qui se tenaient encore debout derrière le viaduc.

Le Dr Barret, médecin major au 118e, nous laisse une description prémonitoire dans son ouvrage de 1891 Morlaix, son histoire, ses maladies, son hygiène:

Par sa situation dans une vallée, Morlaix étouffe dans l’étroite enceinte qu’elle ne peut déborder; dans ses quartiers pauvres, dans ses ruelles, que dis-je, dans sa Grand’Rue même, où les maisons à pignons se serrent les unes contre les autres, et se font  vis-à-vis, comme dans les ruelles de Montpellier ou de la Kasba d’Alger, il faut lever haut la tête pour voir se détacher la bande grisâtre du ciel, et l’on se trouve à tâtons en plein jour dans maints de ses escaliers tortueux et de ses corridos exigus. Sous le prétexte d’y faire pénétrer la lumière et le soleil, il n’y a pas à éventrer la ville ; avec le temps toutes ces ruelles, qui ne sont, comme on l’a écrit, que des anachronismes de l’hygiène disparaîtront, et comme vient de s’effriter sous la pioche des démolisseurs, le quartier des Lances, si affectionné par la Duchesse Anne, le souffle de l’hygiène, peu à peu passera sur le pays, emportant avec lui, comme un château de cartes: la venelle au Beurre, la venelle aux Archers, la venelle aux Pâtés, etc..

Plus tôt, en 1847, G. Le Jean évoque les Lances dans son ouvrage Histoire politique et municipale de la ville et de la communauté de Morlaix, depuis les temps reculés jusqu’à la révolution française:

On ne sait à quelle époque s’éleva le curieux quartier des Lances, mais il parait que cette longue ligne de maisons qui le composent a été bâtie à des époques successives et éloignées. Vers 1686, le Commissaire royal accorde une dispense d’imposition aux propriétaires des Lances, pour les indemniser des frais que leur a occasionnés la construction de leurs maisons et la sape des rochers auxquels elles sont adossées. En 1730, une contestation s’élève entre les sieurs Duplessix-Quemeneur et Crambroug, parce que le premier veut garnir de lances une maison qu’il possède sur le quai Tréguier, ce qui bouchera la vue du côté de ses voisins. La communauté lui reconnaît le droit de lances, sauf les droits du roi et des propriétaires voisins.

Quelques illustrations de ces Lances avant la construction du Viaduc.

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Jean-Marie Pouliquen Écrit par :

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